Lyon, octobre 2014. Yvette Dutartre, 68 ans, apprend qu’elle est atteinte d’une leucémie aiguë myéloblastique. Commence alors, pour elle, une odyssée solitaire et radicale. Que se passe-t-il dans la tête de celui ou de celle pour qui, désormais, rien ne sera plus comme avant ; pour qui, demain, tout peut s’arrêter ? Yvette Dutartre consigne par écrit son quotidien hospitalier sans dissimuler ses moments d’espoir et de désespoir. C’est une façon de ne pas laisser la maladie prendre le dessus. De nombreux patients se promettent de tenir un tel journal, note le docteur Thomas dans sa postface, très peu mènent le projet à son terme, rattrapés par la fatigue ou vaincus par le temps. Au-delà du témoignage inhérent au genre, l’écriture devient pour Yvette Dutartre un champ d’expression à part entière, un projet porteur, reconstructeur. Écrit à quatre mains, Tête à moelle est d’abord le journal intime d’une scientifique. Docteur en physico-chimie, Yvette Dutartre comprend parfaitement ce qui lui arrive et si elle n’excluepas la cause « professionnelle » de sa maladie, elle n’est pas là pour dresser un plaidoyer à l’encontre du passé. Elle prend sa leucémie comme un nouveau défi à relever, une bête à apprivoiser. Une nouvelle raison de vivre.