Staccato est un cri du coeur, un témoignage en suspens sur le point d’imploser.
Et cette déflagration, c’est celle de Maëva Benaiche. Photographe et bègue, elle navigue entre les mots cherchant à trouver sa place dans ce monde de la parole. Elle donne à voir, à entendre, à sentir son expérience de vie ballottée par son trouble du langage. Dans ses interactions, son expression est inhibée par le regard de l’autre, par ses souvenirs qui l’assaillent, par ses propres doutes. Sa parole peine à suivre la course effrénée de sa pensée. Et elle s’épuise à faire tomber les barrières du langage.
Staccato est une respiration scandée, hachée, libérée. Par la photographie, Maëva Benaiche se déleste de toutes les brides, les siennes et celles des autres. Elle laisse couler à flots des images aux formes organiques, psychiques, élémentaires. Cette esthétique épurée se forge dans le noir et blanc, dans les compositions centrées mais agitées, dans les jeux de mouvement et de flou. Parfois heurtées, enclines aux fêlures et aux éclats, parfois délivrées, apaisées, ses photographies suivent instinctivement le cours d’un récit fluide, puissamment introspectif. Nous sommes charriés par ses mots et emportés par ses visions.
Staccato s’imprègne autant de sa délicatesse que de sa flamme, et il dessine, à l’orée de ce que la photographe nous dévoile, un appel à l’ouverture, une invitation au lâcher-prise et à l’acceptation.
La préface de Caroline Bénichou, directrice de la galerie VU’, pose les mots sur « l’expression d’une envie et d’une énergie dévorante » propre à la photographie de Maëva Benaiche.