Thomas Paine / Préface de Yannick Bosc.
Né le 29 janvier 1737 à Thetford en Angleterre, issu d’un milieu modeste – son père est corsetier –
Thomas Paine est d’abord un acteur essentiel de la Révolution américaine. Common Sense (Le sens
commun) qui paraît en 1776 est un événement. Paine est en effet l’un des premiers à faire campagne
pour l’indépendance à un moment où les principaux acteurs n’envisagent qu’un compromis
avec la couronne britannique. Yannick Bosc est maître de conférences en histoire moderne à
l’université de Rouen Normandie (GRHis). Il a notamment publié La terreur des droits de l’homme. Le
républicanisme de Thomas Paine et le moment thermidorien, Kimé, 2016 et avec Marc Belissa,
Robespierre, la fabrication d’un mythe, Ellipses, 2013.
Pourquoi lire Thomas Paine aujourd’hui ?
A l’heure où en Europe et en France les débats et les polémiques autour de la migration ne cessent pas de s’enflammer, comment peut-on oublier que sous la Révolution française on commence par honorer certains étrangers ? En effet en 1792 un décret attribuait la nationalité aux « savants et aux personnalités étrangères qui en diverses contrées du monde ont muri la raison humaine et préparé les voix de la liberté » :Priestley, Paine, Bentham, Wilberforce, Clarkson, Mackintosh, Williams, Gorani,
Cloots, Campe, Pauw, Pestalozzi, Washington, Hamilton, Madison, Klopstock, Kosciuszko, Schiller.
Les éditions Laborintus se sont engagées dans le développement d’un projet éditorial
afin de réactualiser les figures d’ANACHARSIS CLOOTS, de THOMAS PAINE, de GIUSEPPE GORANI, acteurs de la Révolution, penseurs étrangers naturalisés français, qui malgré leur rôle
historique sont absents du « roman national » et quasi ignorés de l’historiographie francophone
contemporaine.
Parmi ses dix-huit hommes illustres résonne donc le nom de Thomas Paine. Or, comment peut-on
participer à deux révolutions au cours de sa vie, contribuer au débat politique de plusieurs pays, dont la France, et être ensuite oublié de tous ?
Dans cette Lettre au peuple français, l’une des figures essentielles de la Révolution américaine
justifie le coup d’Etat du 4 septembre 1797, organisé par le Directoire exécutif contre les royalistes.
Eurocentriste, citoyen universel, comme il aimait se définir, Thomas Paine était un fervent partisan de la république.
EUROCENTRISTE CITOYEN UNIVERSEL « LE FER EST CHAUD DANS TOUTE L’EUROPE »
ÉCRIT-IL EN 1792
Paine met sa notoriété au service du régime directorial alors qu’il a été le seul député à prendre la
parole pour critiquer sa Constitution lorsqu’elle a été élaborée au cours de l’été 1795.