D’abord, on ne peut s’empêcher de toucher la couverture, son noir intense, cet ouvrier comme aspiré par l’ancienne usine, à l’air pourtant serein. Un livre empli de bouleversements, intérieurs, architecturaux, historiques… Les textes d’Olivier de Solminihac, prenants, racontent une trajectoire, l’histoire d’un ouvrier, ses pensées, des nouvelles comme des moments de vie, le récit nous happe. Au centre, une coupure, une parenthèse, historique, on revient sur le passé de cette usine Stein en pleine déconstruction. Un éclairage presque chirurgical, précis, détaché. Les photographies répondent complètement au texte, ou est-ce l’inverse ? Un travail de quatre années, à la rencontre des acteurs de l’usine, humains comme matériels, mené avec brio par deux immenses photographes, Éric Le Brun et Yves Morfouace. Récit à la fois sociologique et chronologique. Au fil des pages, la mutation s’amorce… On s’émeut devant les ouvriers quittant leur usine, on s’émerveille devant la carcasse métallique presque fantomatique, on s’attarde sur les portrait tirés au bar du quartier, le Flint, on se heurte, au mur, jaune, ondulé, va-t-on le traverser ?