« On ignore ce qui s’est passé, l’accident, la tragédie, le concours de circonstances qui ont fait que ces murs se sont trouvés vidés de leurs habitants. Mais on pressent le départ forcé, la fuite, l’abandon précipité. »
Chalmita, Mexique. Que sont devenus ceux qui vivaient ici ? Qui étaient-ils ?
Des souvenirs sont disséminés dans cette maison envahie par la végétation : un lit défait, une boîte à trésors rouillée, des ex-votos décolorés… La photographe Laure Samama les recueille comme autant d’indices au cours de trois voyages sur place. A son retour, elle contacte la romancière Hélène Gestern qui, telle une détective, se met au travail, fouille méthodiquement les images, en extrait le décor, les personnages, le scénario de la fuite. Un récit comme une fiction entrevue aux confins du réel.
Après L’autre fille de Nadège Fagoo et d’Annie Ernaux, La maison sans toit, deuxième ouvrage de la collection Singulières, ouvre une autre forme de liaison entre littérature et photographie.
Hélène Gestern interroge la disparition des habitants à travers les objets laissés sur place. Elle rejoint les questions de Laure Samama où percent la dégradation des lieux, l’envahissement de la végétation, l’éphémère et le recouvrement. Chaque photographie est distillée entre les pages du texte, comme si l’on détissait les mailles d’un mystère.
La maison sans toit devient « un pan fragile de temps humain arraché à l’oubli ».