« J’ai vécu durant toute mon enfance à Cayeux-sur-Mer, sur la côte picarde. Dès mon plus jeune âge, mon regard s’est tourné vers la mer. Par delà le cordon de galets, le mystère de l’horizon me donnait envie de grimper dans une embarcation et de partir voir ce qu’il y avait derrière.
À l’âge de dix ans, un vieux marin m’a offert mon premier filet. Grande joie pour moi, inquiétude pour mes parents, ils n’arrivaient plus à me retenir. Je partais seul à la pêche en mer en leur promettant de ne pas m’éloigner du bord. Heureusement, car je ne connaissais rien à la navigation, à l’époque. En grandissant, ça ne m’a plus suffi, il me fallait aller plus au large. Les week-ends et durant les vacances scolaires j’arpentais le quai du port de pêche du Hourdel pour proposer mes services aux patrons de chalutiers. Je ne me sentais bien qu’en mer, pourtant les conditions de vie étaient difficiles à bord de ces vieux bateaux.
Au lycée, je dévorais les livres de Pierre Loti, Jack London, Patrick O’Brian et CS Forester, au grand dam de mes professeurs de lettres qui tenaient absolument à me faire lire du Balzac. La navigation côtière commença à me laisser sur ma faim, l’horizon continuait à s’éloigner au fur et à mesure que je m’en approchais. Mon bac C en poche, je passai le concours d’entrée à l’école de la marine marchande. Après plusieurs années d’études et de navigation, je suis devenu « capitaine de première classe de la navigation maritime ». Hélas, la ligne d’horizon me fuyait toujours, mais j’ai pu découvrir de nombreux ports de l’océan Atlantique et de l’océan Indien. J’ai navigué de nombreuses années à bord des plus grands pétroliers du monde. Un jour, une tempête rencontrée sur les bancs de Terre-Neuve m’a rappelé que la mer était plus forte que tout. Ensuite, j’ai travaillé durant quelques années à bord des ferries de la ligne Calais-Douvres.
Cependant, le goût de l’aventure me reprit. Désormais, je sillonne la mer Baltique et l’Atlantique Nord à bord d’un chimiquier de taille modeste. Je me suis ainsi familiarisé avec les dangers de la navigation dans les glaces.
J’écris mes romans lorsque je suis en mer, et j’essaie de dépeindre l’ambiance du bord. J’arrive en fin de carrière, pourtant ce monde me fascine toujours autant.
Mes auteurs préférés sont Hennin Mankel, Fred Vargas, Jack London, CS Forester, André Legal… et bien entendu Jules Verne et Hergé. »
Mercredi 27 décembre (15 h-18 h) : Guillaume Lefebvre à la maison de la presse.